En cette période de turbulences et de rigueur budgétaire, n’abandonnons pas les plus vulnérables !
La rigueur budgétaire parsemée dans le budget 2025-2026, peut certes stabiliser les finances publiques, mais elle peut surtout fragiliser les services essentiels et les organismes communautaires, exacerbant les inégalités.
Malgré le rappel des besoins criants du milieu communautaire par de nombreux regroupements nationaux, cette politique de rigueur budgétaire ne peut présager que d’impacts majeurs sur le financement de ces organismes qui dépendent largement des financements publics et de nombreux bénévoles pour assurer leurs services essentiels.
Alors que le transport adapté nécessiterait un financement accru dans des programmes de recrutement et de formation de chauffeurs, accompagnés de l’achat et du déploiement de véhicules adaptés sur l’ensemble du Québec, les financements dans ce contexte de rigueur budgétaire, risquent d’être sous pression et d’affecter la qualité et la sécurité des services.
L’optimisation des aides gouvernementales signifie que les municipalités et les citoyens devront compenser pour pallier les manques, en assumant des augmentations de taxes locales ou des tarifs pour les services publics.
Une autre tendance forte, dans ce contexte de rigueur budgétaire, réside dans la volonté d’optimiser les dépenses en sous-traitant les services publics, donc en les privatisant. C’est ce dont il est de plus en plus question sur tout le territoire du Québec. La privatisation des services publics de transport adapté, dans un souci d’optimisation budgétaire, peut susciter de nombreuses critiques, tant sur le plan économique que social et opérationnel.
L’objectif de rentabilité des prestataires privés, conduit inéluctablement à une réduction des coûts, ce qui risque de se faire au détriment de la qualité du service (flotte vieillissante, temps d’attente plus long, diminution de l’accessibilité par la réduction de l’offre dans certaines zones jugées moins rentables…). La pression à la maximisation des profits, peut pousser également les entreprises à réduire la formation du personnel, ce qui affecte directement la qualité du service pour les usagers ayant des besoins spécifiques.
En délégant au privé ces services essentiels par des contrats, le risque est réel qu’il soit plus coûteux pour les finances publiques en raison de marges bénéficiaires, d’une tarification moins transparente et des risques de monopole, ce que l’on retrouve dans plusieurs régions du Québec, ou un seul prestataire peut imposer ses conditions, réduisant la concurrence et l’incitation à améliorer le service. Enfin, même privatisé, un service de transport adapté nécessitera des subventions pour rester accessible, ce qui réduit l’avantage économique supposé de la privatisation.
L’optimisation des investissements dans les services publics de transport adapté, présente des risques importants en termes de qualité, d’accessibilité et de coût, tant pour les usagers que pour les finances publiques.
Une alternative pourrait être d’avoir une vision long terme d’un service public essentiel, qui va concerner dans les décennies à venir de plus en plus de personnes au Québec.
Il est possible de moderniser ce service public, en optimisant sa gestion, mais sans oublier d’en garantir un accès universel, de répartir de manière équitable le financement dans toutes les régions du Québec, et d’investir dans des programmes d’achat de véhicules adaptés et de recrutement de chauffeurs. Une profession essentielle qui nécessite des aptitudes humaines exceptionnelles et qui ne demande qu’à être revalorisée en lui accordant des conditions de travail décentes.
En cette période de turbulences et de rigueur budgétaire, n’abandonnons pas les plus vulnérables, mais construisons, sur les bases d’un service public à la hauteur des enjeux qui se présentent, une société plus équitable qui ne laissera personne sur le bord de la route !